Les vieux albums de timbres recèlent parfois, coincés entre deux pages, des petits trésors oubliés : trèfle à quatre feuilles pour collectionneur désireux d'attirer la chance, marque-pages variés offerts par une maison soucieuse de rappeler ses bons offices à son honorable clientèle, cadeaux surannés d'une époque où la publicité s'appelait encore la réclame, ou encore notes prises au vol par un philatéliste sur de méchants brouillons (notes de restaurant, bristol fatigué, papier miraculeusement épargné de la poubelle qu'il aurait dû logiquement rejoindre etc.).

Si la plupart de ces vétilles égarées depuis tant d'années ne présentent qu'un aspect anecdotique, le petit bout de papier que je vous propose aujourd'hui ne manque pas d'intérêt me semble-t-il.

La belle page d'album que voilà ! Les connaisseurs auront bien sûr reconnu la présentation classique des albums Yvert et Tellier, ici une page d'un album du début du XX^ème siècle dans sa partie fiscale.

Les deux timbres qui y figuraient ont été ôtés, tout juste subsiste-t-il deux traces de charnière sans conséquences, pas du genre de celles laissées sur les belles séries semi-modernes de timbres-poste que votre aïeul vous a léguées.

Néanmoins, au beau milieu de la page trône un de ces trésors dont je vous ai parlé il y a quelques instants. Gros plan sur la " chose " :

Au premier abord, 6 timbres dont 5 fort présentables de la série " Etoile de Barre " surchargée de 1874. Certes ce n'est pas le Pérou, mais après tout ne faisons pas la fine bouche car ces timbres ne sont pas si fréquents.

En dessous des timbres, une note manuscrite.

Pour nos lecteurs qui auraient des difficultés de lecture, en voici le texte :   

" Surcharges fausses vendues ainsi que les noires sur timbres fiscaux de l'Empire, par un marchand sur les quais – près du pont Saint-Michel ou [du pont] au Change – en tout cas très près d'un de ces ponts à gauche en étant sur la rive gauche – faciès de juif  - barbe grisonnante. Il vend bon marché, mais sa marchandise ne vaut rien. "

En rouge, écrite par une autre personne, l'indication : " Annoté par le D^r Valois ".

Effectivement, ces surcharges sont fausses. Je reviendrai d'ailleurs prochainement sur cette question des fausses surcharges sur les séries d'effets de commerce de 1874.

Pour le reste, les propos du D^r Valois se passent évidemment de commentaires.